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Depuis toujours, l’humanité invente des outils pour se faciliter la vie… Chaque invention porte un élan positif : simplifier, rassembler, comprendre. Et pourtant, au fil du temps, ces outils finissent souvent par nous ressembler; ils reflètent autant nos forces que nos faiblesses.

Le feu a nourri, puis détruit. ​
L’écriture a transmis le savoir, mais a aussi permis de mieux manipuler les récits.
​L’industrie a offert le confort, mais aussi la déconnexion. ​
Les réseaux sociaux ont promis le lien, mais nous enferment dans des clans et parfois nous radicalisent.

L’IA promet de nous libérer des tâches répétitives comme penser, écrire, analyser, décider pour nous. Mais c’est précisément là qu’est le piège. Elle nourrit notre tendance naturelle à déléguer la complexité…

Car notre cerveau adore économiser son énergie. Face à une tâche difficile, il cherche le raccourci. L’IA devient alors le compagnon parfait de notre procrastination. Elle donne l’illusion d’agir pendant que nous perdons notre vigilance. On lui demande de résumer, d’écrire, de juger, de vérifier… Parfois, on va jusqu’à demander à une lA de vérifier une autre IA : on confie la clé de notre discernement à la machine.

Le risque : une délégation de conscience

Chaque fois qu’on laisse un outil décider pour nous, on perd un peu notre lucidité. On croit gagner du temps, mais on perd le regard critique, la responsabilité. Sur les réseaux sociaux, on consomme sans vérifier, réagit sans recul, s’indigne sans comprendre. L’IA risque de nourrir le même mouvement : un monde rapide, sans respiration, sans profondeur.

Le danger n’est pas que l’IA fasse une erreur. Le danger, c’est que nous arrêtions de vérifier. Que nous renoncions à notre rôle de conscience humaine dans la boucle.

L’IA peut devenir un levier puissant... si nous l’utilisons comme un partenaire de réflexion, pas comme une béquille. Elle stimule la créativité, clarifie les idées, accélère l’apprentissage. Mais elle ne ressent pas, ne juge pas, n’arbitre pas avec conscience.

Comme tout outil, elle amplifie ce que nous sommes déjà. Si nous sommes curieux, elle étend notre horizon. Si nous sommes fuyants, elle intensifie nos raccourcis. Tout dépend de l’état intérieur de celui qui s’en sert.

En coaching, nous disons souvent : le coach n’agit pas à la place, il aide à voir plus clair. L’IA devrait être adoptée avec la même intention… Aider sans se substituer, soutenir sans éteindre la conscience.

Mais l’histoire se répète. Chaque nouvel outil suscite fascination et fuite. Nous préférons souvent la facilité à la maîtrise, le confort à la conscience. Mais l’évolution ne tient pas à la technologie elle tient au niveau de vigilance de qui l’utilise.

L’IA n’est ni bonne ni mauvaise. Elle amplifie ce que nous portons déjà en nous, notre créativité, nos biais, notre paresse, nos élans. L’enjeu n’est pas de craindre ou de glorifier l’IA, mais d’apprendre à vivre avec elle sans jamais cesser de penser.

En fait l’avenir de l’IA ne dépendra pas de ce qu’elle saura faire, mais plutot de la conscience avec laquelle nous choisirons de l’utiliser. Comme les réseaux sociaux, elle peut relier ou isoler, inspirer ou manipuler. Elle peut nous aider à grandir… ou simplement à mieux fuir ce que nous ne voulons pas affronter.

Alors, ne craignons pas l’intelligence artificielle. ​Craignons seulement le moment où nous cesserons de penser, de ressentir et de décider par nous mêmes… Quand nous aurons délégué notre humanité. ​

Si ce sujet vous intéresse, n’hésitez pas à consulter ces queques articles ou études :

Li, J.-M., Zhang, L.-X., & Mao, M.-Y. (2025).
How does human-AI interaction affect employees’ workplace procrastination?
Technological Forecasting and Social Change.

Étude sur les effets ambivalents (“épée à double tranchant”) de l’interaction humain-IA au travail, et le rôle médiateur de l’ennui.

🔗 Lire sur ScienceDirect

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Irum, M., Raza, S., & Khalid, H. (2024).
Impact of AI Dependence on Procrastination among University Students.
Journal of Educational Research and Practice.

Montre que la dépendance à l’IA est positivement corrélée à la procrastination chez les étudiants universitaires.

🔗 Lire sur ResearchGate

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Cicek, R., & Yildiz, B. (2024).
The Effect of University Students’ Attitudes toward AI on Motivation and Procrastination.
OPUS Journal of Society Research.

 Étudie comment les attitudes envers l’IA influencent la motivation académique et la procrastination.

🔗 Lire sur DergiPark

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